CULTURE : Hommage à Feu Mangoné Seck,un brillant intellectuel à la symphonie inachevée….par Meissa Ndiaye Beye

La nouvelle est tombée, drue, en cette soirée du 12 août 2023: Le Pr.Mangoné Seck vient de décéder en cette après-midi,dans un Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) de Saint -Ouen,en Seine Saint -Denis, dans la banlieue parisienne,en France, à la suite d’une longue maladie qui l’a empêché de voyager depuis 2018. Feu Mangoné Seck qui vient de nous quitter, est né le 25 avril 1952 à Rufisque,un trimestre, après le rappel à Dieu de son illustre père,Bogal Mangoné Seck, grand muxadam de Serigne Babacar SY de la Tijaanya, ayant été aussi , vers les années 1950, un des imams de la mosquée du quartier Guendel 1, puis muezzin attitré à la voie perçante, à la Grande Mosquée de Rufisque,lors des prières du Vendredi. Mangoné Seck dit Khalifa est l’homonyme de son défunt père, comme le veut la tradition africaine ,pour un enfant né après le rappel à Dieu d’un de ses parents. En effet, son père,Bogal Mangoné , puis sa soeur, cadette,Ajaa Fatou Seck, épouse du grand Muxadam,El hadji Alassane Mbengue de Rufisque , avaient souhaité donner le nom d’un de leur progéniture, au vénérable Khalif,Serigne Babacar SY. D’où le surnom de Khalifa Seck que portait Mangoné Junior et,pour lequel,il était connu de ses proches et de ses intimes. Sa mère Tanta Mbaye, originaire du village historique de Nguiguis,dans le Kajoor est aussi apparentée à la grande famille de Musaa Aalé Mbaay de Tivavouane, tout comme elle entretenait des liens particulièrement chaleureux avec le vénérable Cheikh Sadibou Diop de la Xaadriya à Kelle. D’ailleurs, c’est dans cette bourgade du Kajoor où le petit Mangoné Seck a eu bénéficier du tutorat, durant toute sa petite enfance ,des soins de sa grand-mère, maternelle,Ngueune Sine Mbaye. C’est par la suite qu’il reviendra à Rufisque, au sein de sa famille maternelle, à Guindel avant le déménagement de celle-ci au quartier de Nimzath. Feu Mangoné Seck a fait toutes ses études primaires ,comme secondaires dans sa ville natale de Rufisque. En effet, après avoir fréquenté l’école coranique de feu Serigne Ibou Soumaré, comme bon nombre de gamins de son âge ayant eu comme précepteurs, dans cette Daara, Youssou Dia de Guindel et Naa Seck qui deviendra, plus tard, une personnalité emblématique de la Xaadriya de Ngourane, Mangoné Seck fréquentera l’école Diokoul 2 jusqu’à l’obtention du CEPE;puis ce fut le CEM Matar Seck où, il se distinguera comme un élève sérieux et studieux jusqu’au BEPC. C’est ainsi qu’il sera orienté au Lycée Abdoulaye Sadji au moment où M.Mamadou Ka en était le Proviseur. Eléve brillant dans la Série A, Mangoné Seck sera le premier lauréat du Lycée Abdoulaye Sadji au Concours général en 1973,dans la série classique A,avec la mention Bien en car,il a été très tôt attiré par les humanités gréco-latines. Ce qui lui valut d’être bénéficiaire d’une bourse attribuée par le Président Senghor,lui – même,avec un suivi attentionné de son Excellence,André Guillabert qui était, à l’époque, Ambassadeur du Sénégal en France. C’est, d’ailleurs, cette bourse d’excellence qui lui avait permis de fréquenter la Faculté des Lettres de l’Université d’Angers pour s’inscrire en classes préparatoires à l’Ecole Normale Supérieure de Paris. Ainsi,il sera orienté en hypokhâgne puis en khâgne et poursuivra son cursus universitaire jusqu’à l’obtention d’une licence et d’une maîtrise en lettres classiques et modernes. Il fut le seul, avec Feu le Pr.Oumar Sankharé, á demeurer un des meilleurs spécialistes des études sur l’œuvre de Léopold Sedar Senghor. Il accomplira aussi, une prouesse académique rare, à l’époque. En effet,Feu Mangoné Seck réussira à deux reprises le CAPES de lettres en 1978, d’abord à titre étranger puis en 1989,en acquérant la nationalité française. Il fut même agrégatif, en lettres classiques à deux reprises… Dés lors,s’ouvrira pour lui, une carrière de Professeur dans la Fonction publique française. Il gravira, ainsi, tous les échelons pour devenir professeur certifié titulaire de lettres, dans l’Académie de Paris et enseignant à l’Ecole normale Supérieure de la rue d’Ulm, jusqu’à sa retraite. A ce titre,il sera aussi, le seul intellectuel sénégalais invité à délivrer une mémorable communication sur la poésie senghorienne, au Congrès annuel de l’Association Internationales des Études Françaises (AIEF) de juillet 2017 à l’Ecole normale supérieure de la Rue d’Ulm. Tout comme son texte: « l’Eloge d’une certaine Idée de la Francophonie » ,en 2009, dans la Revue Ethiopiques,reste,une référence, pour décrypter,la pensée et l’œuvre du Poète – Président , Léopold Sedar. Poète à ses heures,Feu Mangoné Seck, avait réuni toute sa production littéraire, dans recueil intitulé « Symphonie du Sénégal »qu’il comptait publier. Son appartement à Aulnay- Sous- Bois, dans la banlieue parisienne, fût son refuge préféré où il menait une vie discrète et ascétique. Son souhait qu’il a eu à confier à ses amis et á ses proches, était de céder à sa ville natale de Rufisque,son impressionnante bibliothèque comptant plus d’un millier d’ouvrages. D’ailleurs,il avait même entrepris, avant sa maladie, l’opération de transfert,par le billet d’un transitaire. De source, bien informée, Feu Mangoné Seck avait même engagé une importante somme d’argent(2 millions de francs CFA), dans l’opération, avec un transitaire du nom d’HaïtiContenaire (contact téléphonique :074647469,basé en France.Le Cote de l’opération était le: AR0016 avec comme numéro d’identification le: DC0076. Selon, nos investigations,le dit contenaire a été envoyé, pour acheminement au Sénégal le 02/02/2018. Le Cote client fût le :CLOO19. Le contenaire serait arrivé au Port de Dakar,le 13 mars 2018 et n’a jamais pu être récupéré,par manque de suivi diligent et d’une surenchère évidente, pour le frais de stockage.(près de trois millions à payer). Voilà la nébuleuse de ce fameux contenaire de livres et de manuels que Feu Mangoné Seck souhaitait léguer à sa Ville de Rufisque. Ainsi, son vœu de doter sa Ville de Rufisque d’un patrimoine intellectuel incommensurable, ne s’accomplira peut-être jamais si le contenair a été bradé…. C’est pour quoi, l’on peut dire qu’avec sa disparition ,se termine la symphonie inachevée d’un brillant intellectuel rufisquois. Après ses obsèques simples et symboliques à la mosquée de son quartier de Nimzath,le 22/08/23, devant un parterre d’autorités religieuses et coutumières, d’amis et de parents,il repose, désormais, au cimetière musulman de Dangou Mbelelaan à Rufisque, à côté des siens.Paix à son âme.
Texte rédigé suite aux témoignages de sa famille représentée par son frère cadet, Modou Faal par le Pr.Meissa Ndiaye BEYE, Inspecteur de l’éducation à la retraite et ancien conseiller culturel du maire de la Ville de Rufisque.