L’ÉMIGRÉ

J’ai quitté la terre de mes anciens

Marchant du désert du Sahara jusqu’au Maroc

Emprunta une pirogue qui glissa le détroit de Gibraltar

Errant dans les rues de l’Espagne

A la recherche d’un monde meilleur

Ayant dans mon esprit le souvenir

De ces nombreux camarades

Restés dans le ventre de Mamie Watta

J’ai quitté la terre de mes aïeux

Avec ma bourse étrangère en poche

A la recherche d’un diplôme n’existant pas chez nous

M’occupant des vieillards

Devenant femme de chambre

Ou étudiante travailleuse

J’ai quitté la terre de mes pères

A ma main tous mes diplômes

A la recherche d’un meilleur salaire

Trainant dans les boites de nuit

Les dancings et les cabarets

Devenant un renégat, assimilé à une autre culture

Pourtant, chez nous, la vie ce n’est rien

Un petit bonjour, une poignée de main

Qui raffermit nos liens

Certes on est pauvre mais solidaire

Fier du nom de nos anciens

Gravé à jamais dans nos mémoires

Pourtant, si j’étais resté

Je verrais mon fils grandir

Si j’étais resté, j’aiderais mon frère

Daniel à préparer son baccalauréat

Si j’étais resté, je participerais

A la formation des jeunes

Qui aiderai au développement de ma nation

Anne Françoise Mossane Manga