SECURITÉ ROUTIÈRE ET MESURES DU CONSEIL INTERMINISTÉRIEL DU 9/01/2023. LES RAISONS D’UN SCEPTICISME.
Que l’on nous comprenne bien: nous ne pouvons pas vouloir une chose et à la fois son contraire .Nous payerions tout l’or du monde-s’il était en notre possession-pour ne plus voir notre pays dans les situations dramatiques du tragique naufrage du JOOLA ou de ce terrible accident de la route survenu le dimanche 8 janvier 2023 à SIKILO. C’est justement parce que nous voulons en finir pour de bon avec ces insupportables hécatombes que nous souhaitons du fond du coeur que les bonnes réponses à même de les éradiquer soient apportées .Agir sous le coup de l’émotion peut nous empêcher d’avoir toute la lucidité nécessaire à la prise de décisions emportant l’adhésion du plus grand nombre et susceptibles d’être appliquées avec une garantie d’efficacité.
LE DOUTE EST PERMIS QUANT À L’APPLICABILITÉ DES MESURES PRÉCONISÉES PAR LE CONSEIL INTERMINISTÉRIEL DU 9/01/2023.
Nous ne souhaitons pas le moindre du monde paraître sous les oripeaux-ou plutôt le plumage-de l’oiseau de mauvaise augure,mais nous devons à la vérité de dire que nous sommes sceptiques pour ce qui est de l’application de ce catalogue d’une vingtaine de mesures prises-réchauffées pour certaines-sous le coup de l’émotion-devrions nous dire. Nous craignons fort que-comme d’habitude-lorsque la tension baissera d’un cran, beaucoup d’entre elles ne soient lettre morte. Elles répètent en grande partie celles de 2017 alors que nous pouvons légitimement supposer
que si ces recommandations faites lors d’un Conseil Interministériel qui s’était tenu il y’a presque 6 ans avaient été rigoureusement mises en pratique,nous n’en serions certainement pas là aujourd’hui .Bis repetita, on refait un Conseil Interministériel ce 9 janvier 2023 exactement 71 mois après celui du 9 février 2017!Si ça ce n’est pas faire du surplace, dites nous alors ce que c’est!
Que n’avons-nous pas entendu aux lendemains de la catastrophe du JOOLA?Si l’émotion a pu s’estomper avec le temps suite à ce cataclysme dont le bilan macabre inégalé dans l’histoire du transport maritime mondial avait fait environ 50 fois plus de morts que l’accident de SIKILO,on peut bien douter que sauf détermination sans faiblesse et sans faille aucune, on pourrait bien continuer à voir ces images désolantes de cars et camions anormalement surchargés, étalés sur nos chaussées et comptant le nombre de victimes de l’irresponsable attitude de leurs conducteurs. Le prix payé par les pauvres populations tout au long de ces années à cause de l’indiscipline de chauffards ne respectant rien et l’inaction des autorités est trop lourd. Il se chiffre en plusieurs centaines de décès par an. Pour rappel, il y’a à peine 10 ans,le 7 août 2012,vers 3 heures du matin ,un accident entre un bus et un camion avait fait 23 morts près de KAFFRINE. L’histoire ne fait que se répéter comme nous le constatons à chaque événement religieux.
PRENDRE DES MESURES,C’EST BIEN.SE DONNER LES MOYENS DE LES FAIRE APPLIQUER,C’EST BEAUCOUP MIEUX.
Le transport interurbain des personnes et des marchandises est un véritable problème dans notre pays. La mort des Chemins de Fer sous le magistère du Président Abdou DIOUF n’a fait qu’aggraver la situation. Nous appelons de tous nos vœux le retour du transport par la voie ferrée qui réglerait en très grande partie le problème.
En attendant ,pour donner aux mesures préconisées par les autorités une chance de prospérer ,il y’a des préalables qui semblent incontournables. Certaines d’entre elles ont déjà commencé à soulever un tollé chez les professionnels du transport parce que prises dans la précipitation et sans aucune concertation .Il faut reconnaître que c’est devenu presque culturel, les sénégalais sont connus pour voyager avec beaucoup de bagages même pour un court séjour .Nos mauvaises habitudes ,consubstantielles de notre manière de vivre, ont la peau dure .Ne pas tenir compte de ces réalités dans la conception de solutions pour améliorer le transport des personnes ,c’est vouer à l’échec toute tentative de réforme. Il faut certes beaucoup d’autorité dans ce type de situation où toute faiblesse est forcément coupable, mais il faut savoir la concilier avec une attitude inclusive pour gagner l’adhésion du plus grand nombre qui est la meilleure garantie de succès dans l’application des mesures. Arriver à mobiliser les moyens humains, techniques, et autres ressources nécessaires pour appliquer ,contrôler ,cordonner ,superviser la mise en œuvre efficace de toutes ces 22 mesures équivaudrait presqu’à une révolution .C’est bien loin d’être gagné d’avance!
Cheikh Mbacké KEBE
11/01/2023