Serigne Makhtar Mbaye Kairé (1867-1934): un dévouement d’apôtre pour la victoire du Mouridisme
Dans le gotha des hommes gravitant autour du Fondateur du Mouridisme, Serigne Makhtar Mbaye Kairé y dégotte, sans nul doute, une place de choix. Tant le natif de Thilla Mbaye dans l’ancien royaume du Baol a, toute sa vie durant, fait preuve de multiples sacrifices pour la victoire de l’Islam et le rayonnement de la voie tracée par Serigne Touba. Ce qui fait que son nom continue d’épouser les contours de la Mouridya et, pour toujours !
*Homme de Dieu distingué, Serigne Touba le désigna pour diriger la prière de l’Aîd El Fitr (Korité) en 1913 à Diourbel et, en présence de bon nombre de « Cheikhs ».
Naissance
Serigne Makhtar Mbaye Kairé fut venu au monde en 1867 à Thilla Mbaye, une localité située dans le Baol, près de Lambaye(dép.
Bambey, région Diourbel. Il est le fils de Serigne Ibrahima Mbaye, grand maître coranique et de Sokhna Khoudja Diop.
Éducation
En 1874, le jeune Makhtar Mbaye s’initia à l’apprentissage du Saint Coran auprès de son père. Ensuite, il fut confié à son oncle paternel Serigne Thilla Mbaye, puis, à Serigne Diokane de Diokane Tine. Il attérit, quelques années plus tard, à Kairé Lambaye chez Serigne Ousseynou Kairé. Pour approfondir ses connaissances islamiques, le fils de Serigne Ibrahima Mbaye, assoiffé de savoir à mourir , prit la direction de Pire chez Serigne Ahmadou Cissé avant d’atteindre Saint-Louis, au « Daara » de Serigne Ass Camara.
Fondateur de nombreux « Daaras »
Très tôt, Serigne Makhtar Mbaye Kairé s’était distingué par de hautes qualités intellectuelles et d’une grande piété. Il était très strict quant’à l’observance des préceptes de la foi islamique. Ainsi,il fonda plusieurs villages faisant office de « Daaras » mais également d’exploitations agricoles. On peut citer, entre autres, Gawane, Darou Sène (dit encore Darou Hanla), Nioro, Kairé Mbaye. Dans ces lieux, il s’adonnait à l’enseignement coranique, à l’élevage et à l’agriculture: » Serigne Makhtar Mbaye Kairé ne badinait pas avec les préceptes de l’Islam. Il était un Saint homme de valeur. Pendant le mois béni de Ramadan, il demandait à tout le monde de s’y sacrifier pour rendre hommage à Allah Sub’Han’Allah. Il accordait beaucoup d’importance à ce mois béni. Il était l’exemple du pur Soufi, du parfait Mufti », nous raconte le conférencier Serigne Mbaye Mbacké Niang.
Un dévouement d’apôtre pour le Mouridisme
Lors de l’exil du Cheikh en 1895 au Gabon, Serigne Makhtar Mbaye Kairé fut mis en relation avec Mame Thierno Birahim Mbacké, frère cadet de Serigne Touba. Depuis, il cultivait des tonnes de mil ,de niébé et d’arachide pour contribuer à l’alimentation des « Daaras ». Les « adyas » qu’il apportait à Borom Darou étaient d’une quantité fort estimable, appréciée. Au retour du Cheikh du Gabon en 1902, pendant son second exil en Mauritanie en 1903, à Thiéyène Djolof en 1905 jusqu’à sa résidence surveillée (1912-1927), Serigne Makhtar Mbaye Kairé s’est toujours mis au service exclusif du Mouridisme au point que Serigne Touba le surnommait
« Makhtar dougoupp »
(Makhtar mil).
Selon toujours Serigne Mbaye Mbacké Naing,
hagiographe de cette illustre famille: »Un jour, après les récoltes, les talibés de Serigne Makhtar s’étaient cotisé pour lui acheté une voiture. La somme était déjà réunie et il accompagnait les « Diawrine » pour aller acquérir le véhicule à Dakar. Arrivé à bord de Diourbel où le Cheikh résidait, Serigne Makhtar a demandé qu’on s’arrête pour faire un tour chez Borom Touba. Sur place, il salua le Saint homme et le donna en guise d’adyas tout l’argent qui devrait servir à acheter la voiture. Il retourna sur Kairé Mbaye avec les disciples et dit: » Serigne Bamba est une voiture éternelle ; elle est la locomotive la plus sûre et qui ne tombera jamais en panne. Elle nous débarquera nous tous vers le Paradis d’Allah ». Il nous fait aussi savoir que dès son allégeance auprès du Cheikh Ahmadou Bamba, ce dernier lui donna deux « Safinatoul Aman »( l’un pour prier et l’autre pour implorer le Seigneur de l’univers qu’il garda jusqu’à son rappel à Dieu en 1934 ».
Quand Serigne Touba lui demanda de diriger la prière de l’Aîd El Fitr (Korité) à Diourbel en 1913
Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul fut amené en résidence surveillée en 1912. L’année suivante, c’est-à-dire, en 1913, beaucoup de « Cheikhs » nostalgiques de leur maître, ont jugé nécessaire de venir à Njaarèem ( Diourbel) pour sacrifier à la prière rituelle de l’Aîd El Fitr ou Korité. Dans la foule des disciples, il demanda publiquement à Serigne Makhtar Mbaye Kairé de venir pour diriger la prière. Ce qu’il fit dans les règles de l’art. Ensuite, après la prière, Serigne Touba envoya Serigne Mbaye Ndiaye » Lantinor » dire à l’attention de toute l’assistance: »
Celui qui voit Makhtar Mbaye Kairé sera épargné des flammes de l’enfer, sera admis au Paradis ». Et Serigne Massamba Mbacké, frère cadet du Cheikh, les Cheikhs et autres talibés se ruèrent vers lui pour le voir et faire leur ziarr en le bombardent de « ngourdes »(
argent de l’époque).
Sa disparition en 1934 à Kairé Mbaye et ses Khalifes
Après une vie entièrement dédiée à l’Islam et au rayonnement du Mouridisme, Serigne Makhtar Mbaye Kairé tira sa révérence en 1934 dans son village de Kairé Mbaye devenu, aujourd’hui, une ville en expansion, laissant orpheline tout une communauté. Il fut inhumé au cimetière de la Ville Sainte de Touba, en face de la Grande Mosquée. Son fils aîné Serigne Moustapha Mbaye le succéda
(1934-1985). Il sera suivi de Serigne Thierno Mbaye (1985-1997); de Serigne Abdou Mbaye (1997-2001). A partir de cette date, Serigne Ndiaga Mbaye Ibn Serigne Thierno Mbaye ouvra l’ère des petits-fils ( 2001-2018); Après son rappel à Dieu, Serigne Ndiaga Astou Mbaye Ibn Serigne Modou Amy Mbaye devient Khalife ( depuis 2018).
Yala Nafi Yag Lool Té Wër. Amine.
Ibrahima NGOM Damel.