SOCIETE : El Hadji Pierre Corréa, l’enseignant multidimensionnel de la Ville de Rufisque par Meissa Ndiaye Beye
El Hadji Pierre Corréa est né le 27 octobre 1919 à Tivavouane. Il est un authentique rufisquois, de par sa lignée paternelle et maternelle.En effet,il est le fils d’Antoine Corréa,cheminot de son état et de Yaayi Laay Mbaye, fille du grand dignitaire Amagor Mbaye.
Pierre Corréa fit ses études primaires à la Ville sainte de Tivavouane où son père était en service dès les premiers mouvements du train reliant Dakar à St-Louis.
Parallement à l’école française,il fréquenta la grande « Daara » de cette ville où il a eu comme condisciples, Serigne Mansour Sy et son frère Serigne Cheikh Tidiane Sy.
Pierre Corréa a entretenu, toute sa vie durant, avec Serigne Cheikh Tidiane,Al Maktoum et avec Serigne Mansour, « Boroom -Daaràyi »,de profondes relations empreintes d’amitié et de fraternité réciproque.
Après l’école primaire et secondaire, Pierre Corréa poursuivit ses études à l’Ecole Normale William-Ponty logée Gorée et qui sera transférée à Sébikotane en 1937. Il sortira de ce prestigieux établissement, comme instituteur.
Cette fonction lui aura permis de servir successivement à Cambérène et à Bargny.Dans ces villages » lébou »,il convaincra, par la persuasion, les familles à envoyer leurs enfants à l’école française.
C’est à Rufisque,sa dernière affectation, à l’Ecole des Garçons, devenue École Mataar Seck de la Circonscription scolaire de Rufisque -Commune, qu’il finira sa carrière d’éducateur émérite.
Sa longue et riche expérience professionnelle d’enseignant l’a amené à former de nombreux élèves devenus des cadres de haut niveau dans l’Administration,la Police, l’Armée et même dans le secteur du Privé.
Beaucoup d’entre eux,lui ont voué,toujours, affection et fierté.
On peut citer parmi ceux-ci , Mbaye Jacques Diop, devenu, plus tard, Maire de la Ville de Rufisque et le Général Mamadou Mansour Seck de Bargny.
En 1958, après le vote de la loi -cadre, dans la perspective de promouvoir des cadres devant assurer la relève de l’Administration coloniale,l’on fit appel à de valeureux enseignants comme lui,pour occuper les postes stratégiques de la nouvelle République à construire.
Ainsi, beaucoup d’entre eux firent carrière dans le Commandement territorial,la Douane, l’Administration financière (impôt et domaine), l’Armée ou dans la Gendarmerie.
C’est, d’ailleurs, dans cette option que Pierre Corréa fut formé et intégré dans le corps des intendants,pour la gestion des grandes écoles.
Ce nouveau statut lui aura permis d’être le gestionnaire de l’Ecole des Pêches de Rufisque, devenue plus tard, le Centre National de Formation et d’Action(CNFA)de Rufisque qui a été dirigé, pendant de longues années, par le célèbre Feu Amadou Diop Sylla.
Par la suite, Pierre Corréa assurera les mêmes responsabilités à l’Ecole Hôtelière du Cap Manuel, l’Ecole de Formation Artisanale, sur la route de Ouakam et à l’Ecole Normale d’Enseignement Technique, sur l’Avenue Cheikh Anta Diop d’où, il sera admis à valoir ses droits à une pension de retraite.
Par ailleurs,il est à noter que sa vie professionnelle n’a jamais étouffé ses initiatives d’entrepreneur sommeillant en lui.
En effet, dès ses débuts dans l’enseignement,il s’est toujours investi dans l’agriculture, l’élevage et dans l’aviculture.
Il faisait partie de ceux qu’on appelait,non sans dérision, « les paysans du dimanche »à l’image de ses proches amis comme Clédor Sall, Emile Badiane ou Mbaye Diouf ( ancien gouverneur).
Cette passion lui aura aussi permis de s’occuper utilement les « week-ends » et de meubler ses vacances scolaires, dans ses champs de Ndiakhirate , Keur-Ndiaye Lô et Kounoune, dans la proche banlieue de Rufisque.
D’ailleurs, pour mémoire, Pierre Corréa a fait don d’un terrain d’une grande superficie au village de Kounoune ,pour l’érection de la première école primaire dans cette localité.
Officier dans l’ordre du mérite et officier des palmes académiques, enseignant, éducateur dans
l’âme, profondément ancré dans sa religion,M.Pierre Corréa avait ouvert dans sa demeure de la Cité Filao, une école coranique accueillant gratuitement les enfants du quartier et le tout, à sa charge,dans la plus grande discrétion.
Après sa retraite de l’enseignement,il décida de s’investir pleinement dans ses passions : l’agriculture, l’aviculture et l’élevage.
Ces activités lui auront procuré de substantiels revenus qu’il se plaisait à partager avec les parents,les nécessiteux et les indigents de tous bords.
El Hadji Pierre Corréa, homme affable, généreux et courtois a été rappelé à Dieu,le 18 octobre 2011 à l’âge de 92 ans,un jour, après les décès d’une autre illustre personnalité de Rufisque,Dr.Mame Thianar Ndoye.
El Hadji Pierre Corréa repose, pour l’éternité, au cimetière musulman Gijëw de Dioukoul,auprès de sa mère et des siens.
Il aura, toute sa vie durant, éduqué ses enfants, dans des valeurs et préceptes de « Jom », « Fulla »et de « Fayda »assumés dans la dignité avec un engagement citoyen forçant le respect.
Cette personnalité au profil multiple, mérite d’être mieux connu et reconnu par ses concitoyens comme grand serviteur de la Ville de Rufisque.
Informations transmises,au nom dela famille, par l’un de ses fils, Daouda Corréa.
Texte remanié et stabilisé par les soins du :
Pr.Meissa Ndiaye BEYE.Inspecteur de l’éducation à la retraite et ancien conseiller culturel du Maire de la Ville de Rufisque.