UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP :L’emouvant hommage du Professeur Serigne Amadou NDIAYE à feu Abdoulaye Diop du Département de Chimie de la Faculté des Sciences et Techniques

On a des mots pour dire une peine légère, mais les grandes douleurs ne savent se taire.» Sénèque
Les mots peuvent me manquer pour exprimer ma grande peine. Ils peuvent même ne pas exister pour exprimer ce que j’ai ressenti, et que je ressens encore, quand j’ai décroché mon téléphone ce mardi 18 Avril 2023 vers 12 H 30, et que le Professeur Lamine Gaye du département de chimie de la Faculté des Sciences et Techniques m’informait du Rappel à Dieu, du Professeur Abdoulaye Diop, alors qu’une demie heure avant, un cousin qui a connu Abdoulaye Diop chez moi, tant on était très proche me demandait de ses nouvelles. Aujourd’hui, je me dois au nom de l’amitié, par devoir et par fidélité, lui rendre hommage. Il est malheureux, de noter qu’aujourd’hui, on oublie vite les morts, nos morts. Il est aussi regrettable de constater que de nos jours, les vivants parlent plus de la vie que de la mort, même dans les cimetières à l’enterrement. Le climat était morose et les visages fermés quand ses collègues de la cité Djily Mbaye ont appris son décès. Quelle perte pour la Faculté des Sciences et techniques, quelle perte pour l’Université Sénégalaise. N’est-ce pas Malherbe qui disait je cite : « La mort a des rigueurs à nulle autre pareille ; on a beau la prier, la cruelle qu’elle est, se bouche les oreilles et nous laisser crier ». Oui de nos jours Les vivants sont tellement attachés à la vie qu’ils ne veulent pas entendre parler de la mort. Ils ne supportent pas l’idée de mort car ils l’associent à l’anéantissement. Ils préfèrent d’ailleurs l’oublier vite et passer à autre chose…aux multiples projets de la vie. Or, le projet le plus sérieux que l’humain a à réaliser, c’est la mort. Quelle que soit les circonstances dans lesquelles nous sommes, elle demeure toujours imminente. La mort est notre plus proche compagnon. Cela, Abdoulaye l’avait bien compris et l’avait bien préparée. Vous êtes partie certes, mais dans la plus grande discrétion malgré la souffrance. Vous êtes partie en nous laissant une grande leçon de
sagesse devant la mort, rester digne jusque devant l’ultime rendez-vous. Le Professeur Abdoulaye Diop s’est sacrifié pour la cause Universitaire et a tout donné à la Faculté des Sciences et Techniques. Nous pouvons témoigner ici que personne ne peut relever à son compte un quelconque esprit médisant ou un comportement hypocrite. Toute sa ferveur était destinée à l’accomplissement dans les règles de l’art de son travail et la préservation de rapports cordiaux avec les collègues et le personnel. Ouvert et accueillant, il a participé à la formation de plusieurs promotion d’étudiants à la Faculté des Sciences et techniques et à tous les niveaux. Beaucoup de ses collègues d’aujourd’hui, ont été ses anciens étudiants et l’appelaient affectueusement « Diop atomistique ». L’Université toute entière, mais surtout la Faculté des Sciences et Techniques, perd ainsi en lui, un homme de valeurs et de principes.
Nous exprimons ici, encore une fois, notre grande tristesse pour la disparition d’un preux qui s’éteint calmement après avoir vaillamment vécu.
Au plan purement professionnel, Abdoulaye était un enseignant à la fois exigeant et dévoué à la tâche, dynamique et très consciencieux. C’était un chercheur, un universitaire pour tout dire, un infatigable serviteur de la cause académique. Les étudiants comme les collègues nourrissaient un fort sentiment d’adoration pour lui. Il était l’ami de tous. Abdoulaye ne laissait personne indifférent tant par sa loyauté, la pureté de son cœur, sa foi en Dieu, son amour pour le coran. Je le trouvais tous les matins, dans son bureau un chapitre du coran entre les mains. C’était un homme vertueux d’une dimension exceptionnelle, un érudit, un bienfaiteur qui aura marqué ses condisciples mais aussi son époque. Les étudiants sont orphelins de leur bienfaiteur. Qui Payera les inscriptions et les tickets de restaurant à ces étudiants démunis et désemparés ? Qui contribuera de manière significative et désintéressée à la construction de mosquées ? Qui achètera des ordonnances à ces malades et aidera ces nécessiteux inconnus ? Même sur son lit d’hôpital, il a continué à aider des démunis. Oui mon cher
Abdoulaye personne ne peut mesurer à quel point vous avez marqué de votre empreinte, la Faculté des Sciences et Techniques, l’Université toute entière mais aussi tous vos condisciples et promotionnaires de l’école primaire à l’université tous ont été unanimes, pour reconnaitre votre bonté votre loyauté et votre respect de l’être humain. Vous avez marqué les esprits par votre discrétion et générosité légendaire.
Si les actes de bienfaisances, la pureté d’un cœur et l’amour de Dieu et du sceau des prophètes seydina Mohamed slt et de son prochain pouvaient nous épargner de la mort, nul doute que vous serez resté parmi nous, mais hélas n’est-ce pas Malherbe qui disait de la mort, je cite : « Le pauvre dans sa cabane ou le chaume le couvre est sujet à ses lois et la garde qui veille aux barrières du Louvre n’en défend point nos rois ». Oui nous acceptons le décret divin : « c’est Dieu qui donne la vie et c’est Dieu qui donne la mort, à chacun son terme et Dieu seul sait où est notre demeure finale »
La vie de du professeur Abdoulaye Diop a été bien remplie, il a rempli son contrat vis-à-vis de ses concitoyens, de la nation toute entière.
Abdoulaye Diop, l’homme jovial toujours souriant et au « bon caractère », s’en est allé sur la pointe des pieds. Courtois et affable, il est parti en gardant avec lui le secret qu’il avait de se faire aimer de tous.
Je présente mes condoléances à son épouse Ndèye Fama ses enfants, Mohamed et Ibrahima à toute sa famille, à l’ensemble des collègues de la FST et de l’UCAD. Qu’Allah le Tout puissant l’accueille dans son Paradis et protège ses enfants. Que Dieu nous donne tous la Patience nécessaire pour endurer cet événement avant qu’IL ne vous récompense dans cette vie et dans celle de l’au-delà.
Professeur Serigne Amadou NDIAYE
Ancien Doyen de la Faculté des Sciences et Techniques de l’UCAD