CONTRIBUTION : Qui, des deux, n’est pas patriote ? (Par Birame Khoudia Lo, Pastef)
Qui, des deux, n’est pas patriote ?
• En 2012, le Sénégal a porté à la magistrature suprême un homme du nom de Macky Sall. Nous
avons tous voté pour lui, principalement en raison des injustices qu’il avait subies de la part de
son prédécesseur, le président Abdoulaye Wade. Il avait été injustement exclu de l’assemblée
nationale. Un de ses alliés d’aujourd’hui avait évoqué les sept milliards de Taiwan. Les
Sénégalais l’ont soutenu pour son accession au pouvoir car ils pensaient qu’il était capable
d’assurer la paix et le développement du pays en luttant contre toute forme d’injustice. En fait,
il avait déclaré qu’il ne protégerait personne et que l’intérêt de la patrie primerait sur celui du
parti pendant son mandat. Par conséquent, il avait de bonnes intentions. Une fois au pouvoir, il
a eu l’opportunité de prendre sa revanche sur certaines personnes qui l’avaient tourmenté
lorsqu’il était dans l’opposition. La Cour de répression de l’enrichissement illicite a été mise en
place. Cependant, elle n’a pu poursuivre que trois personnes, car la plupart des autres ont changé
d’allégeance pour échapper aux poursuites. Les priorités ont été réorientées. Le parti du
président devait être renforcé pour gagner les futures élections. Ainsi, le parti a commencé à
prendre le pas sur l’intérêt national. Des manœuvres politiciennes ont incité le président à
privilégier les victoires électorales plutôt que l’efficacité de l’action gouvernementale : un
directeur général qui ne pouvait pas remporter son district devait être limogé. Les responsables
occupant des postes importants (ministre et directeur général) en ont profité pour faire davantage
de politique, négligeant non seulement leurs responsabilités, mais utilisant également les fonds
publics à des fins politiques. Pendant ce temps, la population souffrait de la vie chère, du
manque d’infrastructures sanitaires de base, de l’inflation injustifiée résultant d’un manque de
contrôle des prix, censé être assuré par les services de l’État, et surtout d’une justice à plusieurs
vitesses favorisant les proches du pouvoir. Ainsi ont commencé les dérives du pouvoir. Les
détournements manifestes se sont multipliés. Le président semble avoir perdu le contrôle de la
situation. Les Sénégalais ont commencé à minimiser les détournements. Malgré tous les efforts
de développement entrepris par le chef de l’État, les acteurs chargés de leur mise en œuvre ont
failli à tel point qu’ils ont provoqué la colère des masses populaires. L’échec du modèle
économique se manifeste par le manque d’infrastructures sanitaires, l’insécurité alimentaire, la
non-atteinte des objectifs d’autosuffisance, etc. Pendant ce temps, la population était étonnée de
voir émerger une nouvelle classe politique, dont le leader se caractérise par son intégrité et son
exemplarité, de telle sorte qu’aucune malversation ne peut lui être reprochée malgré ses quinze
années passées en tant qu’inspecteur des impôts et des domaines. Ce phénomène a suscité
l’adhésion de nombreux Sénégalais fatigués des détournements de fonds publics. Depuis lors,
sa popularité n’a cessé de croître, malgré les nombreuses tentatives pour le discréditer, que ce
soit en termes de scandales sentimentaux ou de réponses cinglantes aux adversaires protégés
par le pouvoir, au point de le placer parmi les opposants les plus persécutés au monde. Certaines
autorités, pour dissimuler leur incompétence et leur incapacité à remplir leur cahier des charges,
se sont associées à des complots pour plaire au chef et échapper à tout contrôle. Il est ainsi
devenu incontournable dans la sphère politique sénégalaise. Son adversaire, Macky Sall, qui
avait pourtant de bonnes intentions au départ, a été confronté à des erreurs commises par un
entourage privilégiant l’enrichissement personnel au détriment du travail attendu par les masses
populaires. De ce fait, le gouvernement n’a pas atteint son objectif initial, qui était d’améliorer
positivement le quotidien des Sénégalais. La volonté du président de bien faire a été compromise
par l’avidité de ses partisans. Cependant, son patriotisme doit le pousser à vouloir voir émerger
un successeur dégagé de ces réalités qui l’ont conduit à des échecs dans certains domaines.
L’homme idéal, qui répond à ces critères, semble déjà avoir été choisi par les Sénégalais : il
s’agit d’Ousmane Sonko. Cela signifie que les deux hommes sont unis dans la quête de l’intérêt
supérieur de la nation. Ainsi, il est indispensable pour eux deux et pour le bien des masses
populaires de discuter en vue d’établir une complémentarité susceptible de stimuler le
développement. Le deuxième aura besoin de l’expérience du premier, qui a appris par l’erreur
pendant douze ans. Gouverner le Sénégal est un défi complexe. Il faut combiner intégrité et
connaissance du terrain pour piloter les projets et instaurer les cinq principes du changement :
transparence, transversalité, instantanéité, collaboration et rapidité. Les outils pour répondre à
ces critères existent. Par conséquent, le président Macky Sall a la responsabilité d’organiser des
élections libres, transparentes et inclusives, avec la participation de tous, dans le calme, afin de
sauver la nation. Contrairement aux politiciens traditionnels pour qui la trahison est une vertu
cardinale, Ousmane Sonko accorde une grande importance au respect de la parole donnée et
adopte une attitude positive supérieure qui le pousse à croire que tout ce qui lui arrive relève du
Tout-Puissant. Cela lui donne la force et l’esprit de dépassement nécessaires pour pardonner à
tous ceux qui ont cherché à lui nuire. Je suis convaincu que son amour pour la patrie lui
permettra, une fois au pouvoir, de mettre de côté tout ressentiment et de se concentrer sur les
priorités de développement, en acceptant les conseils de son prédécesseur pour relever les défis
qui se présentent.