SOCIETE : Vie et œuvre de SOKHNA ADAMA DIOP, pionnière dans l’éducation arabo-islamique à Rufisque. par Meissa Ndiaye Beye
Vie et œuvre de SOKHNA ADAMA DIOP, pionnière dans l’éducation arabo-islamique à Rufisque.
Feue Sokhna Adama DIOP est née le 29 octobre 1945 à Rufisque.
Elle est, avec sa jumelle,Awa Diop, fille de Tafsir Djibril DIOP et de Sokhna Ourèye SECK.
Feue Adama Diop est issue d’une famille où l’activité principale demeure, depuis plus d’un siècle, l’Enseignement du Saint Coran et des sciences islamiques.
Son père feu Tafsir Djibril DIOP, son grand père feu Tafsir Mbagne Ngoné DIOP et son arrière-grand-père feu Tafsir Birane DIOP,étaient tous les maîtres coraniques.
Sokhna Adama a commencé ses études coraniques dès le très bas âge, sous la tutelle de son père et y est restée, à domicile, jusqu’en 1957.
Après une solide formation de base auprès de son père, elle est allée étudier à l’école arabe de feu Oustaz Sidy DIOP de Guendel 2 qu’elle a quittée, un an plus tard.
En 1959, elle intégre l’école arabe de feu Oustaz Souleymane GUEYE sise au quartier Nguessou, à Rufisque, pour une durée de quatre (4) ans.
En 1965, elle s’inscrit à l’école Franco-Arabe Tafsir Amadou BA de Pikine, pour y suivre des cours secondaires arabes sanctionnés par un Brevet arabe.
De 1972 à 1974, elle participe au Programme intitulé « l’Arabe par la Radio », dans un Centre de formation basé à l’Université Al Azhar (Egypte) pour y suivre des études approfondies par correspondance,afin d’améliorer son langage et sa diction.
Feue Adama Diop était très ouverte à la modernité et a pu suivre parallèlement des études françaises en cours du soir. Ces études ont été sanctionnés sanctionnées par l’obtention d’un Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires (CEPE) en 1972.
En même temps, elle a eu à faire des stages pédagogiques pour se perfectionner dans la pratique de l’Enseignement de la langue arabe et des sciences islamiques qui sera son futur métier.
En 1976, Elle fut élevée au grade de « Tafsiratoul Qur’ân » après plusieurs années d’études d’interprétation du Saint Coran auprès du grand Erudit Feu El Hadji Yagamar DIENG de Darou Salam. Cette graduation était exceptionnelle pour une femme de son temps.
C’est juste après cette grande cérémonie de « tafsiiroul Qur’ân » présidée par Feu El Hadji Ibrahima SAKHO, en présence de grands dignitaires et érudits musulmans qu’elle débuta sa carrière professionnelle.
Elle a ainsi ouvert une Ecole arabe dans son domicile au quartier Guendel 3. Cette école qui était passée d’une classe est vite passée à deux classes.
Toujours en 1977 et dans le cadre de sa perpétuelle quête de connaissance, elle s’est inscrite à la Division Franco–Arabe de l’Institut Islamique de Dakar. Ces études sont sanctionnées par l’obtention d’un Certificat et un Brevet d’Arabe littéral délivrés par l’Université Sorbonne de Paris.
Par la suite, devant le nombre croissant des élèves et par manque d’espace, ces deux classes ont fait l’objet de classes multigrades pour pouvoir satisfaire la demande.
En 1984, par souci de modernisation et d’ouverture, elle procéda à l’ouverture d’un établissement franco-arabe au quartier Nimzath à Rufique, dénommé Ecole franco-arabe Tafsir Djibril Diop, du nom de son père et maître, avec seulement un cycle primaire au début.
L’établissement qui a fait sa propre publicité, par la qualité de son enseignement a vite augmenté en termes de taille et de nombre d’élèves.
En 1987, l’établissement est autorisé avec un cycle Primaire et reconnu par l’Etat sénégalais en 1988. Il est devenu Groupe Scolaire en 1998 avec l’ouverture de son cycle Préscolaire.
Le Groupe Scolaire existe donc depuis 26 ans et constitue aujourd’hui,un des pionnier,dansl’Education Franco–Arabe, au niveau du département de Rufisque et dans sa banlieue.
Feue Sokhna Adama Diop a eu à former plusieurs milliers d’élèves rufisquois et même ceux habitant les autres localités proches de Rufisque, comme Bargny, Mbao, Keur Massar, Keur Daouda Sarr, Keur Ndiaye Lô, Kounoune, Sangalcam, Ndiakhirate, Diamniadio, Sébikotane.
À ce titre,il est important de signaler qu’El Hadji Lamine Faal dit Papa Ndaw, adjoint au maire et Imame à la Mosquée de Darou -Salaam,à été un de ses élèves.
Sur le plan économique et social, Sokhna Adama DIOP a joué un rôle non négligeable dans la création d’emplois et d’activités génératrices de revenus (AGR) au profit des femmes et des jeunes. A travers l’Association « Al Ouratoul Islamiyatou » qui signifie littéralement « La famille de l’Islam » qu’elle a créée en 1976, elle a su organiser des femmes et des jeunes sous forme de groupements, pour leur permettre de s’activer dans l’éducation, l’alphabétisation, et le commerce.
Sur le plan associatif, elle était membre de l’Union nationale des Associations islamiques du Sénégal et de l’Union pour le Progrès islamique du Sénégal (UPIS).
Elle fut aussi Consultante en Education à l’ISESCO chargée de l’éducation des femmes dans les Maisons d’Arrêt et de Correction (MAC).
Sokhna Adama était de la confrérie Tidjianiya. Son père qui était « Mouhaddam » de Serigne Babacar SY lui avait très tôt inculqué la tarikha et lui avait donné le wird tidjjane à l’âge de huit (8) ans. Mais, sa perception de l’Islam allait au-delà des confréries.
En effet, elle avait réussi à tisser de très bonnes relations avec les autres familles maraboutiques vivant au Sénégal qui éprouvaient une grande estime à son égard.
Elle avait aussi bien compris la valeur du dialogue islamo-chrétien car elle entretenait des relations harmonieuses avec nos frères chrétiens : La preuve, elle recevait régulièrement la visite de ses amis chrétiens pour discuter avec eux de sujets relatifs aux deux religions.
Sokhna Adama à été rappelée à Dieu le 28 août 2001. Elle repose au cimetière musulman « Gijëw » de Dioukoul, sur sa demande, comme me l’ à confié,safille Aysatou Gassama.
Pr.Meissa Ndiaye BEYE.
Inspecteur de l’éducation à la retraite.
Ancien conseiller culturel du Maire de la Ville de Rufisque.