SPORTS : Le parcours remarquable de Youssoufa Sarr :du poste de gardien de but au technicien -formateur émérite à Rufisque. par Meissa Ndiaye beye
Youssoufa Sarr, l’élégant et le longiligne gardien de but de la grande et mémorable équipe de l’Espérance de la Cité de Maam Koumba Lamb,naquit à Rufisque,le 06 novembre 1934.Son père Déthié Saar, est un goréen de souche mais domicilié à Dakar.Sa mère se nomme Fatou Fall, une saint-louisienne du populeux quartier de Santhiaba,habitant non loin du fameux stade de basket dénommé « Stade Joseph Gaye »,du nom d’un des pionniers du basket à St-Louis.
Youssoufa Sarr a passé son enfance,de 1941 à 1951, entre St-Louis du Sénégal, ancienne capitale de l’Afrique occidentale française et Rufisque,une des premières quatre communes de plein exercice.
Il fit ses études primaires, jusqu’à l’obtention du CEPE à l’Ecole des Garçons de Rufisque devenue : École Matar Seck dirigée, à l’époque par M.Seguin, coauteur avec M.Auriol,du fameux manuel de calcul destiné aux écoles africaines.
Au paravant ,Youssoufa aura fréquenté l’école coranique de Serigne Mbaye Bassine du quartier Keury-souf de Rufisque,sous la férule de ses maîtres, Serigne Mor Sy et Serigne Amadou Ndiaye.
C’est, seulement après ces études ,qu’il fera une brève scolarité à l’Ecole Fédérale des Pêches de Rufisque, sur la proposition d’un de ses maîtres de l’époque,M.René Dieng.
Mais, dès 1941,il retourna à St-Louis, auprès de son oncle maternel, Arona Fall,un ami, très proche de Moktar Ould Dada, père de l’indépendance de la Mauritanie.
Aussi, fût-il recruté, comme comptable au siège de l’Assemblée territoriale mauritanienne logée, à l’époque au quartier Ndar-Toute de St-Louis.
C’est ainsi qu’en 1950,il découvrira la Mauritanie,en accompagnant le Gouverneur de l’époque, jusqu’à Mederdra, dans la Région du Trarza, au sud-ouest mauritanien.
C’est à son retour à Rufisque,en 1951 que Youssoufa entemera une carrière professionnelle concomitament avec la pratique du sport.
Il fut,d’abord, un excellent basketteur à l’Espérance de Rufisque où la section de basketball venait d’être créée par des sportifs comme, entre autres, Blondin et Mokhtar Sabara dit Ndiaga en 1943.Il y acquis, dès 1947,son diplôme d’entraîneur.
Youssoufa se souvient encore des excellents pointeurs de l’équipe de basket de l’époque que furent: Ablaye Dieng,Louis Dieng et El hadji Fall dit Aas Campbell…
Puis, ce fut une très belle carrière de gardien de but dans la panoplie des équipes célèbres de l’époque à Rufisque dont l’Espérance.
D’ailleurs, c’est,suite à un concours de circonstances , par rapport à l’indisponibilité d’un militaire, gardien titulaire de but de l’équipe, Cadet, que l’on fit appel à Youssoufa Sarr pour parer au plus vite.
Sa prestation, au cours de ce match fut remarquable et inouïe, au point qu’il devint le gardien de but titulaire de l’Espérance de Rufisque durant plusieurs années.
Dans cette équipe fétiche de la Ville de Rufisque, évoluaient des footballeurs de talent comme : l’élégant Ousmane Sène Blay,le véloce Abdou Hamid Kane dit »Bada-Kaas » , le meilleur attaquant à son époque,le remarquable Maam Bara Diakhaté sans oublier,le virevoltant Ousmane Guéye, le goal Ablaye Dieng , le redoutable Mbarick Diop, père du regretté Papa Bouba Diop, le rugueux défenseur Ousmane Diallo, surnommé »Chocolat » et Ousseynou Diop « Pi », devenu,par la suite, avec Cheikh Gaye,un des pionniers de l’arbitrage du football rufisquois.
Cette équipe de l’Espérance de Rufisque a rivalisé, dans une saine adversité, pendant longtemps, avec la Rufisque Association Sportive ,la « RAS et l’Union Sportive Rufisquoise (USPR), entre autres formations, lors de derbys mémorables soit, au terrain des « Champs de Courses »de Rufisque soit,au Terrain Central situé , alors, derrière l’actuel CDEPS .
N’eût été le refus catégorique de sa mère Fatou Fall, Youssoufa Sarr allait être enrôlé par le Réal de Bamako pour monnayer ses talents.
Finalement, ce fût Makhtar Dieng dit Makhou qui sera recruté, à sa place pour rejoindre Bamako.
A son retour, Makhou, après une carrière de footballeur comme goal, devint aussi un arbitre talentueux, très théâtral, dans la gestuelle.
Au football,Youssoufa Sarr fit son premier match international dans la sélection de Dakar qui rencontra,au Parc Municipal des Sports (aujourd’hui occupé par des structures comme le CESAG),la grande équipe de Strasbourg de France.
Par la suite, il fera les beaux jours du football corporatif de Rufisque, avec les équipes de l’ICOTAF(usine de tissage de textile), de BATA(usine de fabrication de chaussures) où il fut embauché puis celle de la SOCOCIM( usine de production de ciment).
C’est,du reste ce qui lui permettra,par l’entregent du célèbre Raoul Diagne, ancien international français de football et fils du 1er Député noir au Palais de Bourbon, Blaise Diagne, d’envisager la carrière d’initiateur puis celle d’entraîneur de football.
C’est ainsi qu’il managera l’équipe du » Brésil » de Thiawléne, puis apporta son expérience à la célèbre formation des libanos-syriens le »Dynamo » de Rufisque, sans oublier,l’Espoir de Keury-souf et la Belle Entente 2(BE2) de Keury -kao .
Youssoufa Sarr se souvient encore des rencontres inoubliables, lors de la Coupe Boujasson ou celles du trophée Paris -Dakar, tout comme,il garde en mémoire,le grand match ayant opposé, l’Espérance de Rufisque au Club Olympique Thiessois(COT) au stade de Thialy.
Fort de ce capital d’expérience, d’expertise et de management dans le domaine du Football, Youssoufa Sarr occupera,par la suite, le poste de président de la Section de football, lors de la fusion,en 1969, consacrant la naissance de la grande équipe du Saltigué de Rufisque qui remportera la Coupe nationale du Sénégal,en 1977.
Très fidèle en amitiés, malgré un handicap visuel survenu sur le tard, Youssoufa Sarr a entretenu et continue d’entrenir, une empathie réciproque avec des amis et des footballeurs de sa génération comme: Alioune Badara Diop dit Batteux,El hadji Malick Sy « Souris », Youssoufa Ndiaye,son ami d’enfance de St-Louis, devenu une grande personnalité du pays, Ousmane Sène Blay, Cheikh Thioune dit »Maréchal » de la grande équipe de la Saint-louisienne,le Colonel Massar Diop, sans oublier Ibou Diagne, frère du Grand Serigne de Dakar,El hadji Bassirou Diagne,Sidi Ndiaye « Kadji gui », Cheikh Bamba Thioune dit « Poker »…
D’ailleurs, certains d’entre eux ne sont plus de ce monde, malgré tout, Youssoufa Sarr, garde encore, dans sa prodigieuse mémoire fortifiée par son handicap visuel,de merveilleux souvenirs de ses compagnons, qu’il aime partager avec ses amis.
Tel est le parcours élogieux de ce gardien de but racé doublé d’un homme de foi et de conviction dont l’itinéraire mériterait d’être connu par la jeune génération .
La Ville de Rufisque et particulièrement, la Commune de Rufisque Est où il vit, dans son vieux quartier des « Champs de Courses » entouré des siens, devraient pouvoir l’honorer, de son vivant, pour sa grande contribution à l’essor du basket et du football rufisquois
Texte rédigé par nos soins, à la suite d’ un entretien avec l’intéressé,en son domicile de Rufisque, sans oublier la mise à disposition de plusieurs photos d’archives par sa filleule Woré Mbaye suivis des témoignages attentionnés de ses sœurs Anna et Marième Sarr.
Pr.Meissa Ndiaye BEYE, inspecteur de l’éducation à la retraite et ancien conseiller culturel du Maire de la Ville de Rufisque.