PORTRAIT :Charles Hajjar, grand dignitaire de la Collectivité des lébous du Cap-Vert..par Meissa Ndiaye Beye
Né le 24 juin 1933 à Rufisque; il est le fils d’Aali Hajjar dit Haliim, catholique de rite maronite,d’origine libanaise, grand commerçant tenant une quincaillerie générale à la Rue Derbézy à Rufisque et représentant la firme des bicyclettes de marque « Signe ».
Sa mère s’appelle Marguerite Sagna, originaire de la Casamance et fille de Jean- Pierre Sagna,un des premiers navigateurs sénégalais de « long courrier »
Charles Hajjar a fait toute son enfance à Rufisque en période coloniale où il a été un témoin des grandes mutations survenues dans la Cité de Maam Kumba Lamb, depuis plus d’un demi siècle.
Admis à fréquenter l’École des garçons devenue École Matar Seck ,le petit Charles Hajjar quittera cet établissement suite à son exclusion par son directeur d’alors,l’acariâtre Séguier .
C’est après qu’il sera inscrit à l’école annexe de l’Ecole Normale William Ponty de Sébikotane, en 1946 où Jean Pierre Fons,l’ intendant fût, alors son tuteur;il y a eu comme condisciple Marcel Séguier, Fils du premier nommé et célèbre auteur du livre de mathématiques coécrit avec Jean Auriol qui fut Directeur de l’école annexe de cette même l’Ecole Normale de Sébikotane.
Alors que M. était Robin en assurait les fonctions de directeur de l’établissement, le jeune Charles Hajjar ne pût y terminer ses études suite à des démêlés, après la visite de l’inspecteur Séguier père qui avait toujours, un ressentiment à son endroit, depuis l’école des Garçons de Rufisque.
L’incident qu’il avait eu avec son père Aali Hajjar, jusqu’à l’intervention de la Police et la réaction des Rufisquois en faveur de son père, lui étant resté en mémoire, quand le petit Charles a été injustement exclu.
C’est ainsi qu »il quittera l’école annexe de Sébikotane….
Fasciné par la technique,le jeune Charles ,en bricolant à la boutique de son père à Rufisque,parviendra à monter une bicyclette »Tandem ».
S’intéressant aussi à l’horlogerie,il parviendra assumer de tâches de réparation et forma des jeunes rufisquois,comme le manchot Ouseynou Gozaël.
En 1960,il ouvrit un atelier de mécanique générale à Keury-Kao, à la Rue Saver X Péchot.
Avec une expertise avérée,il recevait pour leur complément de formation des stagiaires du Centre National de Qualification Professionnelle Industrielle de Dakar où il a eu à donner même des cours de mécanique générale.
Parmi ses élèves,on peut compter M.Diongue de la SODIDA et son propre fils ,Alfred Hajjar qui était son adjoint à l’ atelier de Rufisque.
Sa stature de technicien accompli lui aura aussi permis,de travailler avec l’Ambassade des USA au Sénégal, pour les dépannages et avec M.Pyongyang Nayfung architecte à la Présidence sous ,Senghor.
A Rufisque, malgré mon appartenance à la religion catholique, il a eu à monter la première morgue dans son quartier de Géndel puis une autre, gratuitement, à Keur-Massar.
Avec son expérience dans le travail,en 1968, il fût élu Vice-président du Cajelis,un club de jeunes libanais vivant au Sénégal.
En plus des rencontres à caractère culturel,le CAJELIS avait une belle équipe de foot -ball dont le célèbre Lalousse Gabaen dit, »Lek-naa ko », Samir Abourizk », Gorges Gaffari, Michel Samy et autres talents comme » Mbay -Glace »….
Grand amateur de courses hippiques, Charles Hajjar n’en n’était pas moins un très proche ami du célèbre Tanoor Anta Mbakhar Dieng de Rufisque.
En effet,Charles Hajjar avait une belle écurie de chevaux de race parmi lesquels on comptait des destriers comme : »Roi de l’air », »Bouki » et « Ngaynde , »vers les années 1948.
De même, Charles Hajjar s’est essayé dans plusieurs disciplines sportives comme le basketball,la boxe,le handball et même l’athlétisme…. C’est dire qu’il excellait un peu partout.
Ayant tissé une amitié sincère et profonde avec d’autres familles libanaises vivant à
Rufisque,son père Aali Hajjar s’occupera de leur progéniture quand leurs parents furent mobilisés pour les besoins du service militaire ;il l’aura ainsi fait pour ses amis, comme Fauzy Layousse et son frère Rada Layousse.
En 1973 avec la SONEPI,sous le magistère du Ministre Louis Alexandre,on lui délivra un diplôme de reconnaissance, tant son atelier de Rufisque avait tous les outillages suivant les normes et les standards requis.
On lui proposera même un stage perfectionnement de 3 mois mais,en système de 1/2 journée,vu son occupation quasi quotidienne dans son atelier de Rufisque.
Il en ressortira avec brio et avec des compétences plus accrues.
Non engagé politiquement, Charles Hajjar nous précisera qu’il voulait rester neutre,en étant à équidistance des chapelles politiques, à cause de la diversité de sa clientèle fréquentant son atelier.
Ayant une souche léboue de par son aïeul maternel, le vénérable Meysa Anta Koumba Niasse de la famille de l’auguste Banda Ngóone Sanou reposant au cimetière musulman de Gijéw, Charles Hajjar n’en avait pas moins des liens avec des familles libano-syriennes comme les Patrick et les Jubran de Rufisque.
D’ailleurs,son père Aali Hajjar rappelé à Dieu en 1972, repose au cimetière catholique de Dioukoul.
Présentent,le patriarche Charles Hajjar coule des jours heureux dans l’ancienne maison familiale de feu le Maire Ousmane Socé Diop,sise à Géndel 1,en face de la RN1, suite à une transaction négociée avec Boubacar Diop l’un de ses fils.
Titulaire de chevalier de l’Ordre décerné par le Président Abdou Diouf,1980, Charles Hajjar, bien incrusté dans l’univers lébou, porte le titre de grand notable de la Collectivité léboue du Cap-Vert ; titre qui lui a été délivré,en signe de reconnaissance.
Dignitaire connu et reconnu par tous ses pairs et amis, Charles Hajjar fut un ami de longue date du Dr.Thianar Ndoye,tout comme,il entrenait des rapports empreints de cordialité avec Serigne Maas Sy de Keury-Souf et avec Isma Cissé,le premier horloger rufisquois du quartier de Géndel.
Ces mêmes relations privilégiées,l’étaient avec Serigne Abdoul Aziz Sy, Khalif général des Tidianes à qui,il rendait régulièrement visite,à sa maison de Médina à Dakar, Serigne Falilou Mbacké de Touba par l’entremise de son fils Serigne Modou Bousso Dieng.
Charles Hajjar avait aussi des rapports étroits avec Mawlana Baay Niasse qui lui confiait souvent, l’entretien de ses voitures.
Charles Hajjar nous a confié un épisode historique et mémorable de sa vie.
En effet, quand,il a été rapporté que la voiture de Me Abdoulaye Wade leader du PDS,au fort moment des tensions politiques avec le régime du PS ,a été « piégée et sabotée »; c’est à lui Charles Hajjar à qui on fit appel.
Il se rendit alors, « illico presto » à Thiès, pour examiner le véhicule en question.
Heureusement,me dit-il : » la voiture d’Abdoulaye Wade prétendue « sabotée »
ne souffrait que d’une usure prématurée du système de suspension ,faute d’un d’entretien régulier .
Ce fut la Maison-mère, Citroen de la France qui leur avait recommandé l’expérience et l’expertise de Charles Hajjar de Rufisque, pour expertiser le véhicule,en question.
Voilà l’itinéraire de ce notable, fait citoyen d’honneur de Ville de Rufisque grâce à Feu le Maire Mamaya Séne.
Témoignages de l’intéressé fait à son domicile de Rufisque,en présence de son petit-fils fils, Samir Hajjar, homonyme de Samir Abourizk.
Pr.Meissa Ndiaye BEYE ancien conseiller culturel du Maire de la Ville de Rufisque.
Inspecteur de l’éducation à la retraite.