Vie et itinéraire d’une égérie de la vie politique et sociale de Rufisque, Ndéye Déthié Diouf Galandou. par Meissa Ndiaye Beye

Mme Ndéye Déthié Diouf,née le 26 avril 1916 à Rufisque est l’une des deux filles de Galandou Diouf et de Kewé Ndaw,descendante du Buur Saalum,Birame Diegou Ndaw, lui-même ,fils de Tagoutte Ndaw et de Sokhna Faal (des Faal du Kajoor d’où est rattaché Cheikh Ibra Faal.)
Elle porte le nom de sa grand-mère maternelle, Déthié Guéye .
Son illustre père fût un homme politique franco-sénegalais, premier africain élu au Conseil Général de St-Louis,en 1909,pour y représenter la Commune de Rufisque dont il devînt le Maire de 1919 à 1923.
Ndéye Déthié Diouf Galandou a vécu toute son enfance à Rufisque et n’a eu la chance de voir son père qu’après l’Armistice de Novembre 1918, mettant fin à la première Guerre mondiale car, faut -t-il le rappeler,son père ,participa à la Première Guerre mondiale, en tant qu’engagé volontaire, pour sauver la France.
Ndéye Déthié Diouf a fait sa scolarité à l’école française entièrement à la première école des filles de Rufisque puis son cursus coranique dans la Daara logée chez la dame Wolimata Mbengue de Keury-Souf.
Très jeune, elle embrassa la carrière d’enseignante,à l’Ecole des Garçons devenue École Matar Seck.
Feu Mbaye -Jacques Diop aimait rappeler que Mme Ndéye Déthié Diouf fut sa première enseignante.
Voilà aussi ce que explique son attachement viscéral à promouvoir la scolarisation des filles, surtout en milieu lébou.
Ce crédo était le viatique qu’elle aimait partager avec ses amies de longue date comme, entre autres :Nafi Béye, fille de Maam Diodio Ndiaye de Darou-Salaam et Awa Diène de Keuri-Souf. Elle contracta une première union avec Moustapha Diop Demba Talibé de St-Louis.Sa fille ainée se nomme Ndéye Soukaïna Diop , elle réside actuellement à Dakar.
Par la suite, Mme Ndéye Déthié Diouf sera unie à M.Babacar Seck,un saint -louisien de la famille de Ngóone Diop Safoutia.Le père de Babacar,Aboulaye Seck est originaire de Wanaar,dans le Saalum.
De cette union,naîtra une fratrie de cinq enfants, tous attachés à des valeurs de Ngor(dignité) de Diom ( haute personnalité), de Doylu( sens l’intégrité) et de probité morale .Ils vivent tous, discrètement sans frasques ni »m’as -tu- vu ».Ce sont :
-Seynabou,
-Yettou Déme,
-Mouhamadou Lamine,
-Abdoulaye Malick et
-Amy Collé.
Attachée aux valeurs humanistes, Mme Ndéye Déthié Diouf a été aussi une infirmière bénévole, en matière de santé surtout, après les affres de la seconde guerre mondiale à Rufisque.
C’est par la suite qu’elle fut agent de la Poste, préposée au service stratégique du télégraphe avec le décodage du style « Morse » de l’époque ,au service postal de Rufisque.
Très éveillée et éprise de la prise en charge des questions de citoyenneté, elle s’engagea en politique et devint la première femme conseillère municipale , adjointe au Maire,sous la seconde mandature du Maire Maurice Guéye, à partir de 1945.
C’est ici, l’occasion de rappeler la grande cérémonie de reconnaissance que Feu le Maire Ndiawar Touré organisa en 2018, au Jardin Public de Rufisque, l’honorant, avec le Doyen Madiba Keita dit Doudou, pour services rendus à la Ville de Rufisque.
Après, ce premier mandat, elle quitta le Conseil Municipal pour convenance personnelle se consacrant à l’éducation de ses enfants, à la religion et à l’entraide sociale, surtout, après le rappel à Dieu de son époux, Babacar.
Fervente musulmane, Ndéye Déthié Diouf accomplira plusieurs fois le pèlerinage aux lieux saints de l’Islam.
Sur un de ses trajets, en direction de la Mecque, elle fera une visite historique à Jérusalem d’où elle ramènera, une petite pierre symbolique de ce lieu saint qu’elle aimait montrer à ses intimes.
Par ailleurs, elle participera à l’ancrage de la Muridiyya à Rufisque grâce à son empathie et son amitié avec Serigne Mamadou Sèye de Guessou qui en fut le représentant par l’intermédiaire de la famille de Mâme Cheikh Anta Mbacké.
C’est,du reste, le Député Galandou,son père, élu en 1934, après le décès de Blaise Diagne qui facilita le retour au Sénégal de Cheikh Anta Mbacké de l’exil que la puissance coloniale lui avait imposé au Soudan français, à Ségou,au regard de démêlés à caractère politique qu’il a eus avec le Député du Sénégal, Blaise Diagne.
Serigne Moussa Ka, grand poète du « wolofal »de la Muridiyya,a consacré à cet épisode,un magnifique texte illustrant les rapports de Galandou Diouf avec la famille de Cheikh Anta Mbacké.
Apparentée par le sang à Mâme Ngouye Sigui Ndiaye,la vertueuse mère d’El hadji Ibou Sakho, Ndéye Déthié Diouf était une fervente disciple de la Tijanyya,d’autant plus que sa sœur aînée, Marième, était l’épouse du grand muqadam lébou, Abdou Razah Guéye, frère du Député Abaas Guéye, leader syndical de la CGT ,colistier de Senghor aux élections législatives de 1951, sous l’étendard du Bloc Démocratique Sénégalais (BDS).
C’est pourquoi, elle bénéficiait d’un respect empreint d’affectation de la part de famille d’El hadji Malick Sy.
Feu Serigne Abdoul Aziz Sy ne manquait jamais de s’enquérir de ses nouvelles à chacun de ses passages à Rufisque où la famille d’El hadj Malick Sy possède une résidence,en face de la Grande Mosquée sise à Keury-Souf ,Rue de Baure x Rue Ngalam.
Feu Serigne Mansour Sy lui réservait, toujours un accueil chaleureux et déférent à chaque fois que de besoin.
Bien ancrée dans le tissu social rufisquois, Ndéye Déthié Diouf Galandou comptait beaucoup d’amis dans tous les quartiers de la Cité de Maam Kumba Lamb.Ce fait lui aura valu de nombreux homonymes à Rufisque.
Son honnêteté et sa prodigalité ont été,maintes fois, soulignés par le célèbre Ndiagne Samb, tenant un commerce florissant à la Rue Baure dans le vieux marché de Rufisque.
Ayant toujours vécue dans la discrétion, Ndéye Déthié Diouf Galandou,n’a jamais voulu rien faire prévaloir,au regard de l’œuvre de son illustre père ,Galandou.
C’est certainement cette retenue qui a motivé l’absence de reconnaissance, à travers des décorations de la part de la France et même du Sénégal.
Et un journaliste bien connu, parlant de l’héritage familial de Galandou de s’écrier : »A quand la fin du Purgatoire pour Galandou Diouf »?
Cette réserve naturelle est aussi la
marque distinctive de ses héritiers.
Ndéye Déthié Diouf Galandou a été rappelée à Dieu le 12 décembre 2013.Elle repose au cimetière musulman de Dàngu-Mbelelaan à côté de sa mère Kewé Ndaw et de son frère Papa Mouhamed Diouf Galandou.
Cette égérie de la politique et du social mériterait une reconnaissance posthume de la Ville de Rufisque.
La Commune de Rufisque Est pourrait l’honorer en baptisant la Rue Jules Ferry, longeant son domicile dans le quartier de Keury-Souf, à son nom.
Informations recueillies auprès de la famille grâce à sa fille Mme Niang Seynabou Seck.
Texte de synthèse de l’entretien réalisé par :
Pr.Meissa Ndiaye BEYE.
Inspecteur de l’éducation à la retraite.
Ancien conseiller culturel du Maire de la Ville de Rufisque.